Ouvrier dans lfagglomération rouennaise, Jean-Pierre Levaray ne fait pas secret de son travail dfauteur cherchant à sfévader du monde qufil décrit : celui de lfexploitation quotidienne du travail poste dans une usine de produits chimiques. Cette réalité qui forge la lutte des classes et la reproduit sans cesse.

Le film permet à Jean-Pierre Levaray de revenir sur des moments, heureux ou non, partagés avec ses amis. Périodes de lutte, instants volés, réflexions sur la finalité dfune vie de labeur. Au service de qui ? Au service de quoi ? La vraie vie nfest-elle pas ailleurs ? Et si la « classe fantôme », selon le titre dfun livre de Levaray, allait hanter pour de bon les nuits des exploiteurs qui pourrissent nos viesc

 

 

Documentaire, 52 minutes (2006)

de Rémy Ricordeau et Alain Pitten réalisé en collaboration avec Jean-Pierre Levaray

à partir du livre de ce dernier

"Tous les jours pareils. Jfarrive au boulot et ça me tombe dessus, comme une vague de désespoir, comme un suicide, comme une petite mort, comme la brûlure de la balle sur la tempe. Un travail trop connu, une salle de contrôle écrasée sous les néons - et des collègues que, certains jours, on nfa pas envie de retrouver. On fait avec, mais on ne sfhabitue pas. On en arrive même à souhaiter que la boite ferme. Oui, qufelle délocalise, qufelle restructure, qufelle augmente sa productivité, qufelle baisse ses coûts fixes. Arrêter, quoi. Qufil nfy ait plus ce travail, qufon soit libres. Libres, mais avec dfautres soucis.

Personne ne parle de ce malaise qui touche les ouvriers qui ont dépassé la quarantaine et qui ne sont plus motivés par un travail trop longtemps subi. Qufil a fallu garder parce qufil y avait la crise, le chômage. Une garantie pour pouvoir continuer de consommer à défaut de vivre. On a remplacé lféquipe dfaprès-midi, bienheureuse de quitter lfatelier. Cfest notre tour, maintenant, pour huit heures. On est installés, dans le réfectoire, autour des tasses de café. Les cuillères tournent mollement, on a tous le même état dfesprit et aussi, déjà, la fatigue devant cette nuit qui va être longue."

*Putain dfusine* de Jean-Pierre Levaray collection "éléments"