Les anarchistes français sous l’occupation

Le rôle et le comportement des anarchistes français pendant cette période sont malgré quelques études pionnières encore mal connus. A cela les raisons en sont multiples, en particulier le fait que toute réaction organisée et structurée avait été impossible,  c'est le comportement individuel des militants que nous devons essentiellement étudier. D'autre part, pour les anarchistes, cette période constitue un revers : échec face à la guerre, au fascisme qui sévit, défaite de l'Espagne révolutionnaire, Occupation nazi, collaboration, répressions, emprisonnements, etc. Et beaucoup, face à cette adversité, semblent oublier, ou du moins ne songent pas à s’attarder sur les traumatismes d’une époque à oublier. Pour la plupart des   historiens  la mouvance libertaire a eu un impact très faible dans la Résistance. Certains, comme Jean Maitron  ou Roland  Biard, expédient la période en quelques phrases. Les problèmes de collaboration sont passés sous silence. D’autre comme Georges  Fontenis tout en écrivant que « sur ce sujet, les historien du mouvement libertaire sont un peu court », le minimise à son tour en lui consacrant une seule page. Et alors que dans le cadre de la collaboration, il accentue l’aspect néfaste du pacifisme « intégral », il oubli le rôle du syndicalisme collaborateur autour de Belin.  Dans la revue « dissidences » en 2003, David Berry précise, dans son article « Le mouvement anarchiste français (1939-1945) Résistance et Collaboration », qu’ « il est inexact de dire, comme on l’a parfois colporté que le mouvement libertaire français est resté majoritairement passif dans les prison ». Il dresse un panorama plus exact des anarchistes français sous l’Occupation, bien que ses sources restes le recueil  de témoignages « Les Anarchistes et la Résistance » réalisé par René Bianco dans le cadre du C.I.R.A. en 1985. C’est aussi sur ce document que s’appui la thèse au même intitulé, réalisé en 2002 par Bruno Lédy. La résistance anarchistes et analysé ici par rapport aux  nouveaux champs historiographiques de la Résistance officielle. Son essai recouvre les aspects sociologique, politique, culturel et historique, des rapports entre anarchistes et Résistance, de l’avant-guerre à la « Libération ». Pour lui  les anarchistes se démarqueront de la Résistance, surtout au niveau culturel, car en réalité, ils n’appartenaient pas à la Résistance mais faisaient partie des résistants.

A la suite de ses travaux, il est utile de mieux connaître cette période, dont l’enseignement ne peut que servir de leçon  au devenir de l’anarchisme. Il est donc nécessaire d’exorciser les fantômes et d’essayer de relater les faits avec plus de distance. Pour cela nous avons réalisé une enquête historique  aussi bien dans la mouvance anarchiste elle-même, anarcho-syndicalistes et syndicalistes révolutionnaires compris, que  dans les mouvements de la Résistance officielle, Résistance syndicale, les maquis ou les réseaux combattants.

Après la présentation de la Physionomie et du bilan de la mouvance anarchiste française  avant la seconde guerre mondiale. Nous présenterons le rôle des anarchistes pendant ces  heures sombres :

- les dernières actions, les mobilisations, les répressions et les incarcérations,

- ensuite les compromissions et les collaborations,

- et enfin les anarchistes dans la Résistance et  le mouvement de résistance libertaire clandestin.

Notre exposé à pour but de confronter les différents matériaux disponibles documentations, témoignages et d’essayer ainsi de rendre une vue synthétique de la mouvance libertaire entre 1939  et 1945.