La chevauchée anonyme

Charles Jacquier,
Editions Agone, coll. Mémoires sociales, 2006

À la manière d'un roman, "La Chevauchée anonyme", évoque les destinées aventureuses de ceux que l'on a parfois nommés les « révolutionnaires du troisième camp ». La plupart, qu'ils fussent Italiens, Allemands, Espagnols ou bien Français, n'avaient pas attendu la déclaration de guerre en 1939 pour s'opposer au fascisme dans leur pays d'origine, vérifiant au péril de leur vie cette évidence soulignée par l’historien américain Howard Zinn : « Les Alliés ne sont pas entrés en guerre par pure compassion pour les victimes du fascisme. Ils n'entrèrent en guerre que quand leur propre domination fut menacée. »
Cette soirée sera l'occasion de rappeler que ce que l'on présente toujours comme une « guerre juste » se caractérise en fait par un degré de barbarie jamais atteint. Et qu'aucune des parties n'est exempte de responsabilités. Aux réalistes de tout poil, toujours prompts à rallier le camp des vainqueurs et à justifier l'injustifiable, on nous permettra de préférer les personnages qui, tel Louis Mercier-Vega, tentèrent envers et contre tout, de maintenir vivante l'espérance d'un monde meilleur dans les circonstances les plus difficiles qui soient.
Louis Mercier-Vega (né Charles Cortvrint) milite dès l'âge de seize ans dans le mouvement anarchiste belge, puis français, fonde le Groupe international de la Colonne Durruti et combat sur le front d'Aragon en 1936. Revenu en France, il tente de renouveler un mouvement libertaire assoupi dans sa grandeur passée avec la petite revue Révision (1938-1939). Auteur de L'Increvable anarchisme (1970), La Révolution par l'État, une nouvelle classe dirigeante en Amérique latine (1978), collaborateur de la presse anarchiste internationale, rédacteur de Preuves, fondateur de la revue Interrogations en 1974, Louis Mercier Vega fut animé toute sa vie par la double passion de comprendre et d'agir.